Montréal, le 21 mars 2024 – Les commotions cérébrales chez les enfants de six ans et moins ont des impacts sur leur santé, et ce, même trois mois après le choc. C’est la conclusion d’une étude dirigée par Miriam Beauchamp, chercheuse au CHU Sainte-Justine et professeure à l’Université de Montréal. Grâce à un nouvel outil validé adapté aux plus jeunes, la chercheuse et son équipe ont démontré que les commotions cérébrales chez les tout-petits entraînent des symptômes post-commotionnels significativement élevés, qui ne sont pas uniquement attribuables aux effets généraux de la blessure. Les conséquences, présentes trois mois après la commotion, comprennent des symptômes connus des commotions cérébrales tels que des maux de tête, des nausées, des difficultés au niveau de l’équilibre et de la somnolence, mais aussi des manifestations comportementales uniques à ce groupe d’âge, comme de l’irritabilité excessive, une augmentation des pleurs, et de la recherche de réconfort. Les résultats sont publiés aujourd’hui dans la revue JAMA Network Open.
Un enjeu de santé important, mais encore méconnu
Les conséquences des commotions cérébrales sont de mieux en mieux documentées chez les adultes et chez les enfants d’âge scolaire. Cependant, bien qu’un nombre important de jeunes enfants soient vus à l’urgence pour une commotion cérébrale, on en sait encore très peu sur les conséquences à long terme pour cette population.
Afin de mieux cerner ces impacts post-commotionnels, la chercheuse et son équipe ont évalué 303 enfants entre six mois et six ans, dont 174 avaient une commotion cérébrale, 60 avaient subi une blessure sans commotion, et 69 n’avaient eu aucune blessure. Tous les enfants ont été évalués à l’aide de l’inventaire REACTIONS (Report of Early Childhood Traumatic Injury Observations & Symptoms), un outil validé et adapté aux tout-petits pour mesurer divers symptômes post-commotionnels. Les analyses ont démontré que les enfants ayant subi une commotion cérébrale avaient plus de symptômes post-commotionnels que ceux qui avaient subi une blessure à un membre ou qui n’avaient pas subi de blessure, non seulement au moment de la consultation initiale à l’urgence, mais également 10 jours, un mois et trois mois après l’événement. Même trois mois après la commotion cérébrale, les enfants avaient plus de symptômes physiques, notamment des maux de tête, des problèmes de sommeil, de la fatigue, une sensibilité aux bruits et des troubles de la vision.
« L’étude met en lumière l’importance de développer des lignes directrices claires et un protocole adapté à la gestion des commotions cérébrales chez les tout-petits », souligne Miriam Beauchamp.
Un outil prometteur pour la surveillance des symptômes
Cette étude est la première à cartographier de manière prospective l’évolution des symptômes post-commotionnels chez les tout-petits sur une période de trois mois suivant une blessure à la tête, et ce, à l’aide d’une mesure adaptée au développement de la petite enfance qui s’appuie sur des observations concrètes. « Nos résultats suggèrent que l’usage d’un outil conçu pour les tout-petits comme l’inventaire REACTIONS, qui peut être utilisé autant par un parent qu’en milieu clinique, pourrait aider au diagnostic des commotions cérébrales et au suivi des symptômes chez les plus jeunes », se réjouit Dominique Dupont, étudiante au doctorat et première autrice de l’article.
À propos de la cohorte KOALA
L’étude utilise les données de la cohorte KOALA (Kids' Outcomes And Long-term Abilities after early childhood concussion). Cette étude de cohorte prospective, longitudinale et multicentrique vise à documenter l’effet des commotions cérébrales chez les jeunes enfants. Elle regroupe des enfants issus de quatre centres hospitaliers pédiatriques nord-américains, soit : le CHU Sainte-Justine et l’Hôpital de Montréal pour enfants (Québec, Canada), le Alberta Children’s Hospital (Alberta, Canada) et le Nationwide Children’s Hospital (Ohio, États-Unis).