Centre de recherche
lundi 4 novembre 2024
Comprendre les mécanismes de l’immunité dans l’intestin : entrevue avec la Dre Laurence Chapuy
Novembre, mois de sensibilisation aux maladies inflammatoires de l’intestin
MONTRÉAL, le 4 novembre 2024 – Découvrir pourquoi certains jeunes atteints d’une maladie inflammatoire de l’intestin (MII) développent des complications comme la fibrose; identifier des biomarqueurs prédisant la réponse thérapeutique pour déterminer le bon traitement pour chaque enfant avec MII; voilà certaines des ambitions de la Dre Laurence Chapuy, gastroentérologue pédiatre et clinicienne-chercheuse au CHU Sainte-Justine. En ce Mois de sensibilisation aux MII, découvrez les perspectives de recherche de cette médecin à la curiosité sans borne, qui visent à comprendre les mécanismes de l’immunité aux fondements de ces maladies.
Fibrose de l’intestin : trouver des alternatives à la chirurgie
La fibrose est une complication pouvant survenir chez les personnes atteintes d’une maladie de Crohn. C’est une cicatrisation causant un rétrécissement et, éventuellement, un blocage de l’intestin grêle. Le traitement actuel consiste à retirer le bout d’intestin affecté par chirurgie, au risque de développer des complications post-opératoires multiples, voire un intestin court ne permettant pas d’absorber suffisamment de nutriments si les chirurgies venaient à se répéter. « Mes recherches visent à comprendre pourquoi certains patients développent cette complication et d’autres, non, explique la Dre Chapuy. Pourquoi, par exemple, certains adolescents se présentent-ils d’emblée avec un intestin fibrotique, alors que d’autres patients vivront toute leur vie avec une MII sans jamais avoir besoin de chirurgie? »
Pour ce faire, elle a recours à des techniques de pointe dites « omiques », notamment le séquençage de l’ARN exprimé dans les cellules, appelé transcriptomique. « Ce projet mené en collaboration avec le CUSM, le CHUM et l’Hôpital de Montréal pour enfants vise à comparer les cellules immunitaires des tissus de l’intestin et des ganglions intestinaux, tant chez des sujets atteints d’une MII qu’au sein d’un groupe contrôle de personnes en santé, poursuit la Dre Chapuy. Grâce au séquençage ARN « single cell » qui nous permet de voir la signature moléculaire de chaque cellule, nous tentons de déterminer le rôle probable de chaque type de cellule pour identifier lesquelles sont impliquées dans la fibrose. L’idée est ensuite de les reproduire en laboratoire pour tester si elles augmentent réellement la fibrose ou pas. » Les démarches sont en cours pour faire passer cette recherche innovante à un niveau supérieur par le recours à des « mini intestins », des organoïdes qui permettraient d’observer en direct l’action des cellules dans la formation de la fibrose, mais également de tester de potentiels traitements.
Vers une prise en charge individualisée pour les maladies inflammatoires
La santé de précision est considérée comme une voie d’avenir pour plusieurs conditions médicales, dont les MII : « Ce sont des maladies à la fois complexes et qui se manifestent différemment d’une personne à l’autre, c’est pourquoi la médecine individualisée et les techniques « omiques » sont si prometteuses, explique la gastroentérologue. Elles pourraient nous permettre, grâce à des biomarqueurs, d’identifier rapidement le traitement le plus adapté pour chaque personne atteinte d’une MII, voire de prévenir les complications de la maladie. »
Personnes nommées dans le texte
À PROPOS DES MII
Le terme « maladies inflammatoires de l’intestin » (MII) décrit un groupe de maladies dont les deux principales formes sont la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse. Selon un rapport de 2023 de Crohn et Colite Canada, les MII toucheraient environ 322 600 Canadiennes et Canadiens en 2023 (0,8 % de la population); Les diagnostics seraient en augmentation chez les enfants de moins de 6 ans, un groupe qui fait face à des défis particuliers en vieillissant.