MONTRÉAL, le 7 mai 2024 – Le vélo est un mode de transport actif aux multiples bienfaits pour la santé. Mais saviez-vous qu’il comporte aussi des avantages particuliers pour les enfants atteints de paralysie cérébrale? Pour le mois du vélo, nous avons interviewé l’étudiante Cloé Dussault-Picard du Centre de réadaptation Marie Enfant du CHU Sainte-Justine, qui nous présente une étude publiée avec le chercheur Laurent Ballaz sur les bénéfices du tricycle adapté pour la mobilité et la santé de ces jeunes.
Comment la paralysie cérébrale affecte-t-elle la mobilité des jeunes atteints?
C.D.P. : La paralysie cérébrale est due à une lésion au cerveau durant son développement, donc survenue durant la gestation, l’accouchement ou les deux premières années de vie. Elle entraîne des troubles moteurs, qui varient d’un enfant à l’autre selon la gravité de la lésion et selon l’endroit où elle se trouve dans le cerveau. Ces troubles moteurs ont toutes sortes de répercussions sur le développement de l’enfant, c’est pourquoi les limitations motrices tendent à s’aggraver avec le temps. Beaucoup de jeunes atteints de paralysie cérébrale développent des raccourcissements musculaires et des déformations osseuses, entre autres, ce qui les limite dans leurs déplacements.
Quel est l’avantage du tricycle adapté pour la mobilité de ces jeunes?
C.D.P. : Les enfants atteints de paralysie cérébrale ont tendance à s’épuiser rapidement lors des déplacements à pied. Après peu de temps, certains ne sont tout simplement plus en mesure de supporter le poids de leur corps, même avec une marchette.
Nous avons remarqué que les enfants participants parcouraient une plus grande distance en tricycle qu’à la marche pour une même dépense énergétique. Et en plus, les jeunes adoraient ça!
Est-ce que ce mode de déplacement a aussi des bénéfices sur la santé?
C.D.P. : Oui, notre étude suggère que l’utilisation du tricycle pourrait avoir des bénéfices pour les membres inférieurs et au niveau cardiovasculaire. Il faut savoir que beaucoup d’enfants vivant avec une paralysie cérébrale, surtout ceux qui ont une atteinte majeure, ne sont pas en mesure de réaliser des entraînements suffisamment longs pour avoir un impact significatif sur la santé de leur cœur. Mais grâce au tricycle, cela semble possible. Et notre étude a démontré que les déplacements en tricycle amènent une même intensité aérobique que la marche chez nos enfants participants, ce qui suggère qu’une utilisation régulière du tricycle pourrait avoir des bénéfices cardiovasculaires.
Par ailleurs, comme le tricycle stimule certains muscles sollicités également lors de la marche, on peut certainement penser qu’à long terme, cet exercice aidera à augmenter la capacité de marche de ces enfants.
Un mot en terminant?
C.D.P. : Pour les jeunes qui en sont capables, le tricycle est une alternative intéressante pour se déplacer dans son quartier, mais aussi à l’école. Non seulement c’est efficace, mais en plus, c’est amusant! Pour les écoles déjà adaptées aux élèves en fauteuil roulant, de petits ajustements suffiraient à permettre une utilisation régulière du tricycle adapté, en classe, dans les corridors, etc. Cela contribuerait certainement à la mobilité de ces jeunes.