Montréal, le 21 mai 2024 - Pour que les médicaments et substances thérapeutiques se rendent au bon endroit du corps et agissent de manière efficace, il leur faut un véhicule – et le plus performant à l’heure actuelle se nomme nanoparticules lipidiques (NPL). Une équipe de recherche du CHU Sainte-Justine dirigée par le Dr Pierre Hardy, Victor Passos et la Dre Houda Tahiri, en collaboration avec le professeur Xavier Banquy de la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal, a mis au point une nouvelle technologie couche-par-couche qui améliore l’efficacité et la polyvalence des NPL. Ayant fait la preuve des bénéfices de cette découverte pour le traitement du glioblastome, un cancer du cerveau très agressif, les chercheurs souhaitent maintenant appliquer cette « formule 1 » thérapeutique à d’autres maladies pédiatriques afin d’en accélérer le transfert au chevet des jeunes patientes et patients.
NPL : le véhicule de choix pour la thérapie génique ou combinée
La thérapie génique, incluant le recours aux vaccins à ARN messager, s’est imposée comme l’une des approches pharmacologiques les plus prometteuses à ce jour. Or, l’ARN est très fragile, si bien qu’elle est rapidement détruite lorsqu’on l’introduit dans l’organisme. Elle doit donc se déplacer dans un véhicule ultraperformant, qui la protège tout en la menant là où elle doit agir.
C’est précisément ce que font les NPL qui, une fois injectées, assurent la transmission de l’ARN en toute sécurité dans les bonnes cellules pour aider à combattre un virus ou un cancer. Cependant, plusieurs limitations freinent le plein potentiel des NPL en clinique, au premier chef le fait qu’elles sont rapidement capturées par le foie. « Notre méthode couche-par-couche nous permet de contourner plusieurs obstacles des NPL, se réjouit la Dre Houda Tahiri. On peut par exemple faire en sorte que les NPL circulent plus longtemps dans l’organisme sans être détruites par le foie, ou qu’elles puissent traverser les barrières de certains organes, ce qui était impossible auparavant. De plus, la possibilité d’avoir jusqu’à cinq couches nous permet de combiner plusieurs approches thérapeutiques dans un même véhicule. »
Une stratégie polyvalente disponible pour validation clinique
Jusqu’à présent, ce véhicule NPL amélioré a fait ses preuves pour l’administration d’un traitement contre le glioblastome. L’équipe a en effet réussi à orienter les NPL vers les cellules cancéreuses et les cellules immunitaires, pour une thérapie génique ciblée. Cela permet à la fois de freiner la prolifération des cellules cancéreuses et, ultimement, de réorganiser les cellules immunitaires pour qu’elles s’attaquent aux premières, offrant ainsi une double stratégie contre le cancer pédiatrique.
Néanmoins, les possibilités offertes par ces NPL en cinq couches sont loin de se limiter aux glioblastomes ou même au cancer. « Nous avons mis au point une technologie très ouverte et polyvalente, qui peut être utile pour toutes sortes de pathologies, se réjouit le Dr Pierre Hardy, également professeur à l’Université de Montréal. Par exemple, on pourrait les utiliser pour certaines maladies cardiovasculaires ou cérébrales, ou en immunologie. Elle est aussi très prometteuse pour les maladies génétiques rares, puisqu’elle soutient la thérapie génique. On pourrait même s’en servir pour administrer des médicaments, qui pourraient alors être acheminées en plus faibles concentrations tout en demeurant efficaces. » L’équipe souhaite maintenant rendre disponible cette technologie hautement polyvalente à d’autres chercheuses et chercheurs, afin d’en démontrer le plein potentiel.
Vous souhaiteriez utiliser la technologie dans vos travaux de recherche?
Communiquez avec le Dr Pierre Hardy à pierre.hardy.med@ssss.gouv.qc.ca.