Centre de recherche
mercredi 10 juillet 2024
Une équipe canadienne de recherche lance une étude inédite sur les risques d'infection à CMV chez les éducatrices en garderie
Dans le cadre d’un projet novateur dirigé par la Dre Isabelle Boucoiran, obstétricienne-gynécologue et chercheuse, une équipe du Centre de recherche Azrieli du CHU Sainte-Justine collabore avec la firme Moderna pour étudier le risque d'infection à cytomégalovirus (CMV) chez les éducatrices à la petite enfance du Québec.
Le CMV est un virus courant que la plupart des gens contracteront au cours de leur vie. Ce virus est notamment la principale cause d’infection congénitale (cCMV), augmentant de manière significative les cas de perte auditive et de déficience intellectuelle chez les enfants. Cette étude vise à approfondir la compréhension scientifique de la dynamique de transmission du CMV dans les milieux d’éducation de la petite enfance et à éclairer les futures stratégies de prévention.
Risques encourus pour les fœtus et les femmes enceintes
Bien que l’infection à CMV chez les adultes soit généralement bénigne, le virus peut entraîner de graves complications chez les fœtus infectés avant la naissance – d’où l’importance de prévenir l’infection chez les femmes enceintes. Les éducatrices en garderie qui sont en contact fréquent et étroit avec de jeunes enfants courent un risque accru de contracter le CMV. « Les enfants atteints du CMV présentent souvent des symptômes banals comme de la fièvre et peuvent même être asymptomatiques, explique la Dre Boucoiran, également professeure à l'École de santé publique de l'Université de Montréal. Ils ne sont pas nécessairement retirés du milieu de garde pour cause de maladie, avec le risque que cela pose pour les éducatrices enceintes ou souhaitant le devenir. » Environ les deux tiers (64 %) des personnes employées en garderie sont des femmes en âge de procréer. Afin de prévenir la transmission congénitale, l'équipe de recherche du Centre des maladies infectieuses mère-enfant, dont fait partie le Dr Soren Gantt du CHU Sainte-Justine, réalisera une étude visant à comparer les taux d'infection et de réinfection à CMV chez les éducatrices en garderies et en CPE. Cette étude évaluera le risque de transmission entre les membres du personnel et déterminera combien de temps les personnes infectées demeurent contagieuses.
Recrutement et le suivi des participantes
L'étude sera menée dans trois centres : le CHU Sainte-Justine, le CHU de Québec-Université Laval (CHUQL) et le Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS). L’équipe de recherche recrutera 533 éducatrices de la petite enfance au Québec âgées de 18 à 45 ans et un groupe témoin de 1 659 femmes qui ne sont pas exposées professionnellement aux jeunes enfants. Les deux groupes seront suivis pendant 12 mois. Le groupe témoin sera recruté parmi le personnel des trois centres, en collaboration avec Héma-Québec. De plus, une composante qualitative du projet évaluera les connaissances, les opinions et l’acceptabilité à l’égard des mesures de prévention des infections à CMV chez les éducatrices
Travailler avec la communauté
Ce projet est développé en collaboration avec un comité consultatif communautaire composé de représentants de l'Association québécoise des CPE, de l'Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur affaires sociales, d'une éducatrice en garderie et d'un patient partenaire du CHU Sainte-Justine.
Photos © CHU Sainte-Justine (Stéphane Dedelis)
Personnes nommées dans le texte