MONTRÉAL, le 5 février 2025 - Dans le cadre d'un partenariat établi en 2024 par le Centre de recherche Azrieli du CHU Sainte-Justine et l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM), les deux institutions ont créé le Fonds de la recherche de la Fondation J. Armand Bombardier en santé mère-enfant, grâce à un généreux don de la Fondation J. Armand Bombardier, en collaboration avec la Fondation CHU Sainte-Justine et la Fondation de l'Hôpital de Montréal pour enfants.
Ce concours vise à fournir un financement de démarrage à de nouveaux projets collaboratifs entre des chercheuses et chercheurs des deux institutions, dans le domaine de la santé maternelle, foetale ou infantile.
Cette année, trois projets ont été financés dans le cadre de la toute première édition de ce concours. Toutes nos félicitations aux équipes gagnantes!
1. Exploration du rôle du complément dans la glomérulosclérose segmentaire et focale dans le syndrome néphrotique de l’enfant
Chercheuses principales : Dre Alexandra Cambier (CHU Sainte-Justine) et Dre Mallory L. Downie (IR-CUSM).
Le syndrome néphrotique (SN) est la maladie rénale la plus fréquente chez l’enfant, laissant passer des protéines dans les urines en raison d’une altération des cellules rénales, les podocytes, provoquant des oedèmes. Il existe deux formes de SN: la maladie à lésions glomérulaires minimes (LGM) et la glomérulosclérose segmentaire et focale (HSF), identifiées par biopsie rénale. Toutefois, les biopsies comportent des risques et sont rarement pratiquées, car on suppose souvent que les enfants atteints ont une LGM, généralement sensible aux stéroïdes. À l’inverse, les enfants avec HSF ne répondent pas bien aux stéroïdes et peuvent nécessiter des traitements de deuxième ligne, avec un risque accru d’insuffisance rénale. Le problème est que la non-réponse aux stéroïdes se révèle tardivement, après des mois de traitement inefficace et des effets secondaires. Actuellement, aucun test sanguin ou urinaire ne distingue la LGM de la HSF. Récemment, nous avons identifié une protéine du complément présente uniquement dans l’urine des patients HSF. Notre recherche vise à mesurer cette protéine et d'autres protéines du complément chez des enfants ayant SN, ainsi qu’à étudier les effets sur les podocytes et à identifier des marqueurs génétiques de la HSF. Cela permettra une détection précoce de la HSF sans biopsie.
2. Identification et impact de nouveaux variants du gène CLDN dans les maladies inflammatoires de l'intestin à début pédiatrique
Chercheuses principales : Dre Laurence Chapuy (CHU Sainte-Justine) et Aimee Ryan (IR-CUSM)
Le Canada présente un des taux les plus élevés de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) à début pédiatrique. Les traitements actuels pour les MICI de l’adulte ne sont pas approuvés pour les enfants, soulignant le besoin urgent de thérapies spécifiques aux patients pédiatriques. Cette étude exploite une nouvelle collaboration avec les biobanques de MICI pédiatriques de l’Hôpital Ste-Justine et de l’Hôpital de Montréal pour enfants. À partir des échantillons de ces jeunes patients, nous identifierons des facteurs de risque génétiques dans la famille de gènes de la claudine (CLDN), essentielle pour la santé et l’intégrité de la barrière intestinale. Des dysfonctionnements des claudines augmentent la perméabilité intestinale, un facteur clé de la progression des MICI. En tant que “gardiens” de l’intestin, les claudines contrôlent les facteurs environnementaux qui traversent cette barrière. En introduisant ces variantes génétiques dans des organoïdes intestinaux humains — des mini-intestins en laboratoire —, nous observerons l'impact sur la structure et la fonction de la barrière intestinale. Nous prévoyons que les enfants avec des variantes CLDN affaiblissant cette barrière ont un risque accru de développer des MICI. Ces travaux pourraient ouvrir la voie à des thérapies ciblant les claudines pour prévenir ou retarder les MICI chez les enfants à risque.
3. Étude de la morbidité maternelle grave et de la disparité socio-économique en tant que déterminants des troubles du développement neurologique chez l'enfant.
Chercheuses principales : Sarah Lippé (CHU Sainte-Justine) et Ugochinyere Vivian Ukah (IR-CUSM)
Les troubles neurodéveloppementaux (TND) affectent la cognition, la communication, la motricité et le comportement, et entraîne une diminution de la santé et la qualité de vie. Il est important d'identifier les facteurs de risque du TND pour faciliter une prise en charge précoce et appropriée susceptible d'améliorer leur devenir. La morbidité maternelle grave (MMG) est une condition potentiellement mortelle qui survient pendant la grossesse et l'accouchement (p.ex. prééclampsie grave, hémorragie). L'objectif général de cette étude est de déterminer si les enfants nés de grossesses affectées par la MMG sont plus susceptibles d'avoir un TND et de comprendre comment le statut socio-économique influence le risque de TND après une MMG. Nous utiliserons une grande base de données québécoise reliant le registre des naissances, les dossiers médicaux administratifs et les informations scolaires. Nous travaillerons également en partenariat avec un groupe de patients, Maternal Near-Miss Survivors Group, composé de personnes ayant subi un MMG, afin de comprendre le vécu des mères et d'identifier les obstacles à leur prise en charge. Les résultats de cette étude fourniront des informations qui permettront de réduire les facteurs de risque en installant une surveillance clinique plus étroite et des services aux enfants présentant un risque de TND.