Centre de recherche
mardi 11 mars 2025
La communication hypnotique pour atténuer la douleur procédurale chez les enfants
Une formation courte et efficace pour le personnel soignant
MONTRÉAL, le 11 mars 2025 – La douleur procédurale en pédiatrie représente un défi majeur pour les familles et le personnel soignant, mais elle peut être atténuée par la manière de communiquer dans le contexte des soins. En utilisant des techniques simples de communication inspirées de l’hypnose clinique, il est possible de rendre l’expérience des soins plus douce pour les petites patientes et patients. C’est dans l’objectif d’outiller les équipes médicales dans cette forme de communication que les chercheurs Serge Sultan du CHU Sainte-Justine et David Ogez du Centre de recherche de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont du CIUSSS-de-l'Est-de-l'île-de-Montréal ont développé la formation Rel@x. Cette dernière est le fruit de plusieurs années de travail réalisé en collaboration étroite avec les services d’hématologie-oncologie, des urgences et de pédiatrie du CHU Sainte-Justine, ainsi que des membres de l'équipe Tout doux spécialisée en gestion de la douleur et de l'anxiété procédurale chez les enfants. Une évaluation publiée hier dans Scientific Reports démontre que cette formation de deux demi-journées améliore significativement les compétences communicationnelles du personnel soignant.
La communication hypnotique : mettre l’imaginaire au service des soins
Le projet Rel@x s'appuie sur des théories et des recherches démontrant que des stimuli positifs peuvent diminuer l'expérience de la douleur. En communiquant de manière positive et en utilisant des techniques de suggestion et d'absorption dans l'imaginaire, le personnel soignant dévie l’attention de l’enfant afin de réduire la perception de la douleur. « Les procédures médicales douloureuses répétées comme les prises de sang peuvent avoir des effets psychologiques durables sur les enfants, augmentant leur anxiété et leur évitement des soins, explique le chercheur Serge Sultan. Et la douleur de l’enfant est aussi difficile à vivre pour la famille et pour le personnel soignant, d’où le besoin d’avoir des outils en main pour l’atténuer. » C'est pour répondre à ce besoin que le CHU Sainte-Justine s'est engagé à mettre en place des moyens pour prévenir et atténuer la douleur procédurale chez ses patientes et patients.
La formation courte et manualisée développée dans ce projet est reconnue par l’Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec (OIIQ). Elle permet d’enseigner les bases de la communication hypnotique, comme ralentir le rythme de la parole pour l’adapter à celui de l’enfant, parler de manière plus calme et mettre en pratique deux techniques simples et efficaces de suggestion d’analgésie et d’absorption dans l’imaginaire :
- Endroit agréable : Cette technique consiste à enrichir l'expérience sensorielle de l'enfant pour détourner son attention de la procédure douloureuse. Le personnel soignant encourage les enfants à imaginer un lieu agréable et à se concentrer sur les détails sensoriels de cet endroit.
- Gant magique : Les cliniciennes et cliniciens demandent aux enfants de visualiser un gant imaginaire doté de propriétés protectrices et anesthésiantes autour de leur main et de leur bras, et d’en décrire les caractéristiques.
Une formation aux impacts significatifs et durables
Une évaluation standardisée de la formation Rel@x portant sur 78 cliniciennes et cliniciens a été réalisée en 2024, avec la collaboration du Dr Ahmed Moussa et du Centre de simulation du CHU Sainte-Justine. Et les résultats sont extrêmement prometteurs : « On a observé une augmentation de 61% des compétences globales et de 124% des compétences techniques chez les personnes formées, en plus d’un taux de satisfaction de presque 100%, se réjouit Serge Sultan, également professeur au département de psychologie de l’Université de Montréal. Le personnel soignant plus jeune et celui qui a des niveaux d’habiletés plus bas au départ semblent bénéficier le plus de la formation. » En outre, les compétences acquises semblent se maintenir dans le temps, puisqu’on note un taux de rétention de 55% à 75% de ces compétences après cinq mois et ce, sans formation supplémentaire. Cela permet de croire que les personnes formées ont recours aux techniques dans leur pratique.
Bien que l’évaluation ait porté spécifiquement sur une ponction veineuse par des cliniciennes et cliniciens en hématologie-oncologie, à l’urgence et en pédiatrie générale, les techniques enseignées peuvent facilement être appliquées dans d’autres contextes et pour d’autres types de soins. « Notre formation offre une approche simple, concrète et applicable pour améliorer le bien-être des enfants, des familles et du personnel soignant dans divers contextes pédiatriques », conclut le chercheur.
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