MONTRÉAL, le 1er juillet 2025 - Imaginez des cellules souches avec des pouvoirs de guérison rapide – un peu comme Wolverine dans X-Men – mais dans la réalité! Une équipe dirigée par le chercheur Nicolas Dumont a récemment fait une découverte importante sur les lipides bioactifs et leur rôle dans la régénération musculaire. L’étude, publiée dans Nature Communications, a permis de mettre en lumière un mécanisme clé par lequel ces lipides régulent la fonction des cellules souches musculaires et leur capacité à régénérer les muscles blessés. Cette percée offre des perspectives prometteuses pour le traitement de certaines maladies dégénératives.
De la cellule souche à l’humain, en passant par Québec!
L’équipe de recherche s’est donné pour mission de mieux comprendre les mécanismes de régénération des cellules souches musculaires et de clarifier leur rôle dans le processus de guérison, en particulier dans le contexte des maladies neuromusculaires rares. Son attention s’est portée sur les lipides bioactifs, encore peu explorés et dont l’implication est cruciale dans la régulation de l’inflammation et la réparation des tissus.
L’équipe a utilisé un modèle murin de cellules souches musculaires isolées et cultivées in vitro pour étudier leur prolifération et leur différenciation. Elle a ensuite collaboré avec des équipes de l'Université Laval pour tester leurs découvertes en laboratoire sur des cellules humaines. Leurs résultats ont permis de démontrer que la réduction d'une enzyme (ALOX15) responsable de la formation des lipides bioactifs réduit également la capacité à régénérer les muscles après une blessure.
Ils ont également permis de démontrer qu'un traitement avec la Protectine 1 (un de ces lipides bioactifs) permet de restaurer le potentiel de régénération musculaire. En effet, la molécule a amélioré la fonction des muscles chez des souris atteintes de dystrophie de Duchenne, suggérant un potentiel thérapeutique prometteur pour cette maladie génétique grave qui touche environ un garçon sur 4 000. « Les lipides bioactifs agissent donc comme de véritables chefs d’orchestre de la régénération musculaire. En les ciblant, on ouvre la voie à des traitements innovants pour des maladies jusqu’ici sans solution durable », se réjouit Nicolas Dumont, également professeur agrégé à l’École de réadaptation de l’Université de Montréal et titulaire de la chaire de recherche du Canada sur les cellules souches et maladies neuromusculaires.
Vers les thérapies de demain
Jusqu'à présent, les traitements disponibles, comme les glucocorticoïdes, étaient principalement axés sur la réduction de l'inflammation et le ralentissement de la dégénérescence musculaire, souvent avec des effets secondaires importants (anxiété et dépression, cataractes, prise de poids, ostéoporose, etc.). Cette nouvelle étude renforce l’idée qu’il est désormais possible de cibler directement les mécanismes de régénération musculaire en utilisant des analogues synthétiques des lipides bioactifs. « Cette découverte pourrait transformer le traitement des maladies musculaires dégénératives en offrant des approches thérapeutiques plus efficaces et moins invasives », souligne le doctorant Paul Fabre, qui a mené l’étude sous la direction de Nicolas Dumont. Ces nouveaux traitements pourraient non seulement restaurer la fonction musculaire, mais aussi réduire les effets secondaires, offrant ainsi une meilleure qualité de vie aux patientes et aux patients.
Que sont les lipides bioactifs?
Ce sont des graisses qui, en plus de stocker de l’énergie, jouent un rôle actif dans le corps. Ils peuvent se lier à des récepteurs sur les cellules et déclencher des réactions importantes, comme réduire l’inflammation ou aider à réparer les tissus. Ce sont donc des messagers chimiques qui influencent directement le fonctionnement des cellules.

Photo (de gauche à droite) : Alyson Deprez, Nicolas Dumont, Paul Fabre, Thomas Molina et Ines Mokhtari © CHU Sainte-Justine (Véronique Lavoie)
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