En marge de la Journée internationale des femmes et filles de sciences, nous avons réuni six étudiantes du Centre de recherche aux parcours académiques variés. Découvrez les défis qu’elles observent en tant que scientifiques, leurs inspirations et aspirations.
Les participantes
Narimene Ait Belkacem : Doctorante en sciences pharmaceutiques, elle a débuté ses études en biochimie en Algérie avant de venir à Montréal pour une maîtrise en pharmaco-épidémiologie, puis un doctorat.
Helena Ferreira Leal : Doctorante en microbiologie, elle a obtenu son baccalauréat et sa maîtrise au Brésil avant de venir au Canada pour son doctorat.
Aruny Pathammavong : À la maîtrise en génie des technologies de la santé, elle a commencé en design demode, puis s'est orientée vers l'informatique et le génie des technologies de la santé.
Elisa Gaillard : Doctorante en neuropsychologie, elle a obtenu un Bachelor en psychologie et neurosciences à Glasgow, a fait une maîtrise de recherche à Maastricht, et a réalisé son mémoire de recherche à Montréal.
Emilie Ollame-Omvane : Doctorante en microbiologie et immunologie, elle a fait une licence et un master en France avant de venir au Canada pour son doctorat.
Joanna Vilme : Doctorante en neuropsychologie clinique, elle a fait toutes ses études au Québec, à l'Université de Montréal.
Quels sont les principaux défis auxquels les femmes en sciences sont confrontées?
Emilie : « Je pense que les défis pour les femmes résident souvent dans l'orientation et les choix de carrière. Même si elles font des choix conscients, elles peuvent être poussées par divers déterminants culturels vers des domaines d’études et de travail qu’on associe aux femmes. »
Narimene : « Concilier vie de famille et carrière professionnelle demeure un défi, mais avec une bonne organisation, je crois que c’est possible. Toutefois, au-delà de cette conciliation, les femmes en sciences font encore face à des inégalités et doivent souvent revendiquer leur place pour être reconnues à leur juste valeur. »
Elisa : « Les femmes doivent souvent se battre pour profiter de la même crédibilité que les hommes et peuvent avoir plus de difficultés à demander des augmentations ou des rémunérations pour leurs stages. Pour celles travaillant ou étudiant dans les sciences « dures », le fait d’être en minorité peut aussi constituer un défi. »
Helena : « Au Brésil, l'arrivée au pouvoir du gouvernement en 2019, l'année suivant mon choix de faire mon doctorat à l'étranger, avait influencé ma décision à l'époque. Aujourd'hui, bien que le climat politique reste tendu et polarisé, le gouvernement actuel adopte une posture favorable à la participation des femmes en science et au développement scientifique en général. Cependant, je constate sur les médias sociaux, non seulement au Brésil mais aussi ailleurs, la montée d'un courant conservateur. Il faut rester vigilantes, car certains droits des femmes que l'on croyait acquis sont remis en question. Cela m'inquiète. »
Y a-t-il des éléments facilitateurs pour les femmes en science?
Narimene : « Les stages en entreprise permettent de découvrir les réalités du monde professionnel et de s'ouvrir à de nouvelles opportunités, surtout en se déplaçant dans de grandes villes où les débouchés sont plus nombreux. »
Elisa : « Un environnement de travail respectueux et valorisant, entouré de personnes qui soutiennent les femmes, peut faire une énorme différence. C'est justement parmi les qualités que j'admire chez mes directrices de recherche : leur capacité à accomplir beaucoup tout en restant accessibles et bienveillantes. »
Joanna : « Les séjours immersifs, tels que mon stage exploratoire en neuropsychologie, peuvent aider les jeunes à découvrir divers domaines. De plus, le Québec a mis en place plusieurs initiatives pour favoriser l'accès et la représentation des femmes dans les secteurs traditionnellement masculins, notamment par le biais de programmes de bourses. »
Comment augmenter la visibilité des femmes en science?
Emilie : « Retracer et raconter le parcours de femmes scientifiques qui ont souvent été des pionnières est essentiel pour leur rendre justice et inspirer les générations futures. »
Joanna : « Organiser des événements comme des tables rondes où les femmes partagent leurs parcours et leurs motivations peut inspirer d'autres femmes à se reconnaître et à choisir des carrières scientifiques. »
Helena : « Utiliser les médias traditionnels et les réseaux sociaux, pour donner de la visibilité aux femmes scientifiques et partager leurs parcours, peut être un moyen puissant de les valoriser et d'inspirer les jeunes générations. »
Aruny : « Il est également important qu'elles soient davantage représentées dans les études scientifiques, notamment en ce qui concerne la santé des femmes. Cela permet de mieux refléter la réalité de toutes et de rendre les recherches plus inclusives et représentatives. »
Quels conseils et encouragements offrez-vous aux filles?
Elisa : « Croyez en vous et en votre passion et assurez-vous d'évoluer dans un environnement qui vous valorise et vous soutient. »
Helena : « Explorez différents domaines et sachez que vous êtes capables d'être dans tous les espaces, y compris ceux traditionnellement associés aux hommes! »
Emilie : « Tout est possible à partir du moment où l'on veut quelque chose et qu'on se donne les moyens pour y arriver. Ne vous découragez pas et entourez-vous des bonnes personnes. »
Narimene : « La persévérance est la clé du succès, ne jamais se laisser décourager pour atteindre ses objectifs. Par ailleurs, il est essentiel de stimuler constamment sa curiosité intellectuelle afin d’exceller en tant que chercheuse. »
Aruny : « Suivez vos instincts et votre cœur. J'ai commencé mon parcours en design de mode parce que ma mère, couturière, m'a appris à faire mes bords de pantalons! Plus tard, je me suis orientée vers l'informatique, influencée par ma sœur qui étudiait déjà dans ce domaine. Pour ma maîtrise, je conçois des vêtements connectés qui permettront de faire un suivi fréquent de la scoliose. Parfois, les chemins les moins orthodoxes peuvent mener aux plus belles réussites! Mais surtout, aimez-vous. En prenant soin de vous, vous pourrez aussi mieux aider les autres. »

De gauche à droite, rangée du haut : Helena Ferreira Leal, Joanna Vilme, Aruny Pathammavong. Rangée du bas : Emilie Ollame-Omvane, Elisa Gaillard, Narimene Ait Belkacem © Gracieuseté