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mercredi 22 janvier 2025
Traitement de l’appendicite chez les jeunes : antibiotiques ou chirurgie?
Montréal, le 21 janvier 2025 – Quelle est l’efficacité des antibiotiques pour traiter une appendicite aiguë, comparé à la chirurgie? Les résultats d’un tout premier essai contrôlé randomisé international sur le sujet ont été publiés cette semaine dans The Lancet. Dirigé par le Dr Shawn St. Peter de l’hôpital Children’s Mercy à Kansas City, aux États-Unis, l’essai APPY a impliqué des cliniciennes-chercheuses et cliniciens-chercheurs de 11 hôpitaux pédiatriques à travers le monde, dont la Dre Marianne Beaudin et le Dr Nelson Piché du département de chirurgie du CHU Sainte-Justine. Les résultats permettront de guider le choix d’un traitement pour cette urgence chirurgicale affectant un grand nombre d’enfants, d’adolescentes et d’adolescents.
Mené de janvier 2016 à décembre 2021, l’essai APPY inclut 936 patientes et patients de 5 à 16 ans vus dans l’un des hôpitaux pédiatriques participants pour une suspicion d’appendicite non perforée, dont 96 du CHU Sainte-Justine. Les jeunes se voyaient assigner au hasard un traitement : soit les antibiotiques par intraveineuse, soit l’ablation de l’appendice. L’étude a ensuite comparé les taux d’échec de ces deux options thérapeutiques. Pour l’appendicectomie, un échec consistait à constater un appendice normal lors de la chirurgie (7 % des cas). Quant au traitement par antibiotiques, il était considéré un échec dès lors qu’une appendicectomie était requise dans l’année suivante (34 %). Conclusion : les antibiotiques permettent aux jeunes de se rétablir plus rapidement, mais comportent un taux d’échec plus de 20 % supérieur à celui de la chirurgie, en plus d’entraîner une plus longue hospitalisation. « Nos résultats montrent qu’environ un tiers des patients traités par antibiotiques doivent tout de même subir une appendicectomie dans l’année suivant leur traitement, le plus souvent dans les 100 premiers jours », explique la Dre Marianne Beaudin, chirurgienne pédiatrique, chercheuse associée au CHU Sainte-Justine et professeure agrégée de clinique à l'Université de Montréal. « C’est important, dans la mesure où certaines études à plus petite échelle soutiennent que les antibiotiques auraient une efficacité équivalente à la chirurgie. Ce n’est pas le cas. »
Ces résultats sont importants pour soutenir la prise de décision des cliniciennes et cliniciens, mais également pour guider les discussions entre l’enfant, les parents et l’équipe soignante. « Savoir précisément les taux d’échec de chaque option permettra aux médecins de discuter du choix de traitement en se basant sur des données probantes, et aux familles de faire des choix à la lumière de ces résultats », souligne le Dr Nelson Piché, également chirurgien pédiatrique au CHU Sainte-Justine et professeur agrégé de clinique à l'Université de Montréal.