Montréal, jeudi 22 janvier 2009 - Une équipe de recherche, dirigée par Dre Francine Ducharme, directrice-adjointe de la recherche clinique du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine et professeur au Département de pédiatrie de l’Université de Montréal, a démontré l’efficacité d’un traitement préventif avec de hautes doses de corticostéroïdes inhalés, dans la réduction de la gravité et de la durée des crises d’asthme provoquées par le rhume, chez les enfants d’âge préscolaire.
Les résultats de cette recherche, publiés aujourd’hui dans le New England Journal of Medicine, indiquent que, inhalés à fortes doses dès le début du rhume et pour une période maximale de 10 jours, ces corticostéroïdes, le fluticasone, contribuent à réduire de moitié le nombre des crises d’asthme modérées ou sévères, nécessitant des stéroïdes oraux de secours. Il s’agit de la plus large étude menée à ce jour sur ce sujet.
C’est également la première étude dans laquelle les résultats concluent clairement à l’efficacité d’un traitement pour les jeunes enfants qui présentent ce type de crises d’asthme et dont la gravité a déjà nécessité la prise de corticostéroïdes oraux ou des hospitalisations. Cette percée est d’autant plus importante que ce groupe d’âge représente plus de la moitié (60%) des enfants qui fréquentent les services d’urgence ou qui sont admis à l’hôpital pour des crises d’asthme.
Même si l’asthme d’origine virale est fréquent chez les enfants d’âge préscolaire, la gestion optimale de cette pathologie demeure aujourd’hui encore, incertaine. C’est pourquoi Dre Ducharme s’intéresse depuis plusieurs années à l’amélioration des traitements des enfants souffrant d’asthme, en particulier pour les enfants d’âge préscolaire.
Le traitement de base de l’asthme qui consiste en l’administration quotidienne de faibles doses de stéroïdes inhalés, comme le fluticasone, ne s’est pas avéré efficace chez les enfants présentant de l’asthme d’origine virale.
Pour les fins de l’étude, 2243 enfants ont été testés et 17% des enfants ont rencontré les critères soit des enfants qui présentaient de l’asthme déclenché uniquement par des rhumes, sans symptôme d’asthme entre les rhumes, qui ne présentaient aucun signe d’allergie, et qui souffraient de crises d’asthme modérées ou sévères. C’est auprès de 129 enfants, âgés de un à six ans, que cette nouvelle approche thérapeutique a été étudiée. En multipliant par 6 la dose pédiatrique habituelle quotidienne pendant un maximum de 10 jours et en l’administrant dès l’apparition du rhume, on a pu noter une réduction de 50% des crises d’asthme qui justifiaient des stéroïdes oraux chez les enfants. On a pu noter également une réduction de 20% des jours de maladie. En comparant avec le groupe placebo, la chercheuse a pu constater que chez les enfants ayant reçu le fluticasone, les symptômes se sont avérés plus légers et de plus courte durée, contribuant ainsi à diminuer l’impact de la maladie dans la qualité de vie des parents.
Les chercheurs se sont intéressés non seulement à évaluer l’efficacité mais aussi le profil d’effets secondaires. Au cours des 40 semaines du suivi, Dre Ducharme a également observé chez ce groupe d’enfants, une croissance légèrement plus lente de 4 percentiles que chez les enfants ayant pris le placebo. En effet, les résultats indiquent que la croissance moyenne des enfants non traités a été d’environ 6,5 cm pour une croissance de 6,0 cm chez les enfants qui ont reçu le fluticasone. Ceci correspond à ce qui est observé si les patients prennent une dose habituelle de fluticasone quotidiennement pendant un an. Même constat en ce qui concerne le poids puisque la croissance pondérale moyenne a été d’environ 2kg pour les enfants du groupe placebo et de l,5 kg pour les enfants traités. Parce que ce type d’asthme est transitoire et disparaît généralement avant l’âge de 6 ans, il est probable que l’effet sur la croissance soit transitoire. Pour l’équipe de recherche, il reste à confirmer si les enfants pourront rattraper ce léger retard.
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Notes
A propos de l’étude :
Cette étude, financée par GlaxoSmithKline, le Fonds de la Recherche en Santé du Québec et les Instituts de recherche en santé du Canada, a été menée au CHU Sainte-Justine, au Centre universitaire de santé McGill, au Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke, à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, et à la Clinique pédiatrique La courte Echelle.
A propos du CHU Sainte-Justine :
Le Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine est le plus grand centre mère-enfant au Canada et l’un des quatre plus importants centres pédiatriques en Amérique. Plus de 4 000 employés composent ses effectifs. Associé à l’Université de Montréal, le CHU Sainte-Justine est de loin le plus grand centre de formation en pédiatrie au Québec et un leader au Canada. Son centre de recherche regroupe 178 chercheurs et compte plus de 400 étudiants. Il exerce un leadership reconnu, particulièrement dans les domaines de la périnatalité, du neurodéveloppement, des sciences cardiaques, de l’hémato-immuno-oncologie, des maladies musculosquelettiques et des sciences du mouvement et de la promotion de la santé. Le CHU Sainte-Justine a célébré son centenaire en 2007. www.chusj.org