MONTRÉAL, le 12 octobre 2021 – Les variants du virus SARS-CoV-2 suscitent actuellement les plus vives craintes : ils sont plus contagieux, plus pathogéniques et diminuent l’efficacité des vaccins. Dans ce contexte, une équipe de recherche montréalaise, sous la direction du professeur Étienne Caron au CHU Sainte-Justine et de la professeure Julie Hussin à l’Institut de cardiologie de Montréal, a voulu comprendre comment ces mutations ont permis au virus de déjouer notre système immunitaire durant la première année de la pandémie, découvrant dans cet exercice que certains groupes d’individus porteurs du marqueur génétique HLA-B7 seraient plus enclins à être malades.
Les résultats de cette étude sont présentés aujourd’hui dans la revue Cell Systems.
«Nous avons analysé plus de 330 000 séquences du virus provenant de 143 pays afin d’étudier toutes les formes mutantes du virus, et ce entre décembre 2019 et décembre 2020, c’est-à-dire avant l’arrivée du variant Delta et avant la vaccination de masse», explique Étienne Caron, co-auteur de l’étude au CHU Sainte-Justine et à l’Université de Montréal.
«En combinant des outils bio-informatiques, l’immunologie et la génétique des populations, nous avons découvert que certaines populations sont plus susceptibles d’être gravement affectées par les formes mutées du virus. Plus précisément, les individus possédant le marqueur génétique HLA-B7, soit 35 % de la population mondiale, ont plus de risque d’avoir une réponse immunitaire moins efficace contre la COVID-19», explique David J. Hamelin, étudiant à la maîtrise en bio-informatique à l’Université de Montréal et premier auteur de l’étude.
Le HLA désigne une grande famille d’antigènes. Certains types de HLA sont associés à des maladies auto-immunes comme la spondylarthrite ankylosante, l’arthrite réactive ou des atteintes isolées de l’œil. Un individu porteur de ces HLA a ainsi considérablement plus de risque de développer ces maladies.
«À la lumière de nos résultats, nous émettons l’hypothèse que les personnes porteuses du HLA-B7 présentent une réponse immunitaire protectrice naturelle plus faible contre le SARS-CoV- 2, étant donné le type de mutations que ce virus acquiert naturellement au cours de son évolution», explique Julie Hussin, co-auteure de l’étude à l’Institut de cardiologie de Montréal et à l’Université de Montréal.
En septembre 2021, la pandémie de COVID-19 a entraîné plus de 4,6 millions de décès et plus de 222 millions de cas confirmés dans le monde.
Dans la lutte mondiale contre la pandémie, cette découverte a le potentiel de freiner la propagation des nouveaux variants et les complications associées. «En comprenant mieux pourquoi certains sous-groupes d’individus sont plus malades que d’autres, nous pourrons développer et administrer des vaccins plus efficaces pour ces individus qui déclencheront une mémoire immunologique – protection – à vie.», conclut Étienne Caron.
À propos de l’étude
L’article «The mutational landscape of SARS-CoV-2 variants diversifies T cell targets in an HLA supertype-dependent manner» de David J. Hamelin et al. a été publié en ligne en octobre 2021 dans la revue Cell Systems. Étienne Caron est chercheur au CHU Sainte-Justine et professeur sous octroi adjoint au Département de pathologie et biologie cellulaire de l’Université de Montréal. Julie Hussin est chercheuse à l’Institut de cardiologie de Montréal et professeure sous octroi adjointe IVADO au Département de médecine de l’Université de Montréal.
L’étude a été financée par le Fonds de recherche du Québec – Santé, la Fondation Cole, la Fondation CHU Sainte-Justine, la Fondation Charles-Bruneau, la Fondation canadienne pour l’innovation, IVADO, la Fondation de l'Institut de cardiologie de Montréal, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et les Instituts de recherche en santé du Canada.
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À propos du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine
Le Centre de recherche du CHU Sainte-Justine est un établissement phare en recherche mère-enfant affilié à l’Université de Montréal. Axé sur la découverte de moyens de prévention innovants, de traitements moins intrusifs et plus rapides et d’avenues prometteuses de médecine personnalisée, il réunit plus de 210 chercheurs, dont plus de 110 chercheurs cliniciens, ainsi que 450 étudiants de cycles supérieurs et postdoctorants. Le centre est partie intégrante du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, le plus grand centre mère-enfant au Canada.
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