MONTRÉAL, le 14 juin 2021 – Comment réduire au minimum les conséquences de la pandémie sur les générations actuelles et futures? Voilà une question à laquelle cherchera à répondre un ambitieux projet de recherche mené au CHU Sainte-Justine et à l’Université de Montréal sous le leadership de la professeure Sylvana Côté. Fort d’un financement majeur de cinq millions de dollars des trois Fonds de recherche du Québec, administré par le Fonds de recherche du Québec – Société et culture, l’Observatoire pour l’éducation et la santé des enfants (OPES) s’attachera à étudier à fond et sur de multiples fronts les répercussions de la pandémie, afin d’éclairer au mieux les décideurs dans leurs démarches pour assurer le devenir des enfants du Québec.
«Bien que les enfants et les adolescents soient moins touchés par l'infection à la COVID-19 que les adultes, ils souffrent néanmoins des conséquences sociales et économiques de la pandémie, explique la professeure Sylvana Côté, chercheuse au CHU Sainte-Justine et professeure titulaire à l’École de santé publique de l'Université de Montréal. Directement ou indirectement, les différentes mesures de confinement ou sanitaires ont affecté et affectent encore la trajectoire de vie de nombreux jeunes, en particulier ceux qui présentent une vulnérabilité sociale ou des facteurs de risque médicaux.»
L’OPES aura pour mission de coordonner les efforts de la communauté scientifique québécoise, afin d’observer l’état du développement des enfants en termes d’éducation, de développement psychosocial, de santé, et de bien-être économique, entre autres, et d’identifier les facteurs de risque et de protection (scolaires, individuels, familiaux, biologiques), mais aussi de mesurer l’efficacité d’innovations sociales et technologiques, tout cela pour soutenir les enfants qui présentent des problèmes.
Reprise post-pandémique
Partout dans le monde, des équipes de recherche ont réalisé des études pour comprendre et atténuer les répercussions négatives de la pandémie sur le devenir à court, moyen et long terme chez les jeunes.
«En coordonnant les efforts d’experts québécois en recherche observationnelle et interventionnelle chez l’enfant, l’OPES permettra de faire état des meilleurs travaux scientifiques récents en éducation et santé. Notre objectif est de proposer une stratégie pour étudier les conséquences de la pandémie, et inspirer les chercheurs et les décideurs dans les actions à prendre pour la mise en place d'interventions efficaces favorisant la reprise post-pandémie», ajoute la professeure Côté.
L’observatoire mène des études longitudinales en partenariat avec le ministère de l’Éducation et l’Institut de la statistique du Québec. Les enfants, les enseignants et les parents qui participent aux études de l’OPES, permettront de comprendre les besoins et les défis de nos jeunes afin d’orienter les mesures de rattrapage.
La pandémie creuse le fossé des inégalités
La fermeture des écoles et le bouleversement des rythmes scolaires auront des conséquences plus ou moins importantes selon la trajectoire scolaire et psychosociale antérieure des enfants, et selon l’ampleur du stress personnel et familial qu’ils vivent.
«La pandémie semble affecter de manière disproportionnée les enfants qui appartiennent à des minorités visibles ou à des familles économiquement défavorisées, souligne la professeure Côté. Les effets adverses de la fracture numérique et de la perte de compétences cognitives et sociales seront surmontables, mais il faudra dans certains cas prévoir des mesures de rattrapage ou de soutien psychosocial.»
Les experts s’entendent pour dire qu’à long terme, le développement économique en paiera les frais, car les difficultés scolaires affaibliront le potentiel productif de toute une génération.
«Face à cette situation, nous ne pouvons pas rester inactifs. Il faut préparer l’avenir par l’implantation d’innovations sociales et technologiques découlant des leçons apprises dans le contexte actuel, notamment par le rehaussement des services d’éducation préscolaire», précise la professeure Côté.
«L’arrivée des beaux jours et l’espoir d’un retour à la normale ne doivent pas occulter la réalité des conséquences à long terme qu’imposera la pandémie à certains jeunes. Nous devons poursuivre nos efforts pour quantifier les séquelles tant sur le plan physique que psychique et éviter que la crise n’hypothèque les perspectives d’avenir de toute une génération de jeunes», conclut la professeure Côté.
À propos de l’OPES
Créé en décembre 2020 par le Fonds de recherche du Québec – Société et culture, l'OPES utilise les données d’enquêtes québécoises, de même que les données administratives et de recherche afin d’identifier les meilleures solutions pour la reprise post-pandémique. Les chercheuses et chercheurs de l’OPES réalisent des études longitudinales sur les apprentissages, le développement psychosocial, et les habitudes de vie des enfants et des jeunes; des études de séroprévalence; des projets sur la transmission de la COVID-19 dans les écoles et des projets d’intervention visant à mitiger les impacts de la pandémie sur les enfants. Ils mènent des collectes auprès des enfants, de leurs parents et de leur enseignant. Certains projets sont réalisés en collaboration avec l’Institut de la statistique du Québec, le ministère de l’Éducation du Québec, et l’Institut national de la santé publique du Québec.
L’OPES se structure autour de quatre axes thématiques et deux axes transversaux :
Axes thématiques |
Direction d'axes |
Éducation |
Simon Larose (ULaval), Catherine Haeck (UQAM) |
Santé mentale et bien-être |
Marie-Claude Geoffroy (McGill), Nicholas Chadi (ESPUM, Pédiatrie, UdeM) |
Infection et immunité |
Benoît Mâsse (ESPUM, UdeM, CHUSJ) et Kate Zinszer (ESPUM, UdeM) |
Saines habitudes de vie |
Lise Gauvin (ESPUM, UdeM, CHUM), Mélanie Henderson (ESPUM, UdeM, CHUSJ) |
Axes transversaux |
|
Développement économique |
Catherine Haeck (UQAM) |
Innovation sociale |
Isabelle Ouellet Morin (Criminolgoie, UdeM) |
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À propos du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine
Le Centre de recherche du CHU Sainte-Justine est un établissement phare en recherche mère-enfant affilié à l’Université de Montréal. Axé sur la découverte de moyens de prévention innovants, de traitements moins intrusifs et plus rapides et d’avenues prometteuses de médecine personnalisée, il réunit plus de 210 chercheurs, dont plus de 110 chercheurs cliniciens, ainsi que 450 étudiants de cycles supérieurs et postdoctorants. Le centre est partie intégrante du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, le plus grand centre mère-enfant au Canada et le deuxième centre pédiatrique en importance en Amérique du Nord.