MONTRÉAL, le 16 mars 2022 – Une équipe du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine a démontré que les adolescents victimes d’intimidation au secondaire sont plus à risque de développer une consommation abusive d’alcool à long terme.
L’étude menée par la chercheuse Patricia J. Conrod, psychologue clinicienne, professeure titulaire au Département de psychiatrie et d’addictologie de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, et la doctorante, Flavie Laroque, a été publiée récemment dans la revue scientifique Development and Psychopathology.
On y démontre que le risque d’abus d’alcool est particulièrement élevé chez les adolescents victimes d’intimidation qui présentent certains traits de personnalité exacerbés, et ce, dès le début du secondaire. Ces traits de personnalité (sensibilité à l’anxiété, pensées négatives, impulsivité, recherche de sensations fortes) influencent le type de problèmes de santé mentale que génèrent les expériences d’intimidation par les pairs (anxiété, dépression, problème de conduite, hyperactivité), lesquels augmentent à leur tour le risque de dépendance. Deux voies (intériorisation et extériorisation) par lesquelles l’intimidation augmente le risque de consommation d’alcool chez les adolescents ont ainsi été identifiées.
L’étude menée sur 3800 élèves de 31 écoles secondaires de Montréal sur une durée de 5 ans souligne l’importance des traits de personnalité sur les conséquences immédiates et à long terme d’une intimidation répétée par les pairs.
Prévenir, c’est possible
Le programme de santé mentale et d’intervention précoce PréVenture, développé et validé par l’équipe de Patricia J. Conrod au CHU Sainte-Justine offre une piste d’espoir pour adresser ces enjeux. PréVenture apprend aux jeunes à identifier et à travailler sur les traits de personnalité augmentant le risque d’abus de substances. Il les aide à développer des compétences qui leur permettent de mieux gérer leurs émotions et leurs réactions lorsqu’ils font face à divers défis personnels et interpersonnels :
« Notre étude démontre que les expériences d’intimidation à l’école sont des facteurs de risque importants dans les problèmes d’alcool chez les adolescents. Nous croyons que l’approche ciblée sur la personnalité de PréVenture peut contribuer à les protéger des conséquences de l’intimidation répétée par les pairs qui est rapportée dans les écoles, et ce, à la fois sur les plans de la santé mentale et de la consommation de substances » a indiqué la Pr Conrod.
PréVenture, un programme éprouvé
PréVenture permet en effet de retarder, voire de réduire la consommation de substances chez les jeunes. Une étude réalisée conjointement avec l’équipe de Nicola Newton, professeure associée au Matilda Centre de l’Université de Sydney et publiée dans le Journal of the American Academy of Child & Adolescent Psychiatry, démontre que le programme améliore considérablement les trajectoires de consommation d’alcool et de drogues et les dommages qui y sont associés par rapport à une éducation à la santé habituelle, et ce, jusqu’à 7 ans après le début du programme, soit jusqu’au début de l’âge adulte.
Les adolescents ayant bénéficié d’interventions préventives en milieu scolaire de type PréVenture ont réduit considérablement leur risque de boire de manière abusive et de subir des méfaits liés à l’alcool, par rapport aux jeunes ayant reçu une éducation à la santé habituelle.
« La modification des trajectoires de consommation d’alcool au milieu de l’adolescence peut avoir un effet d’entraînement sur les comportements de consommation d’alcool au début de l’âge adulte, d’où l’importance de la prévention précoce » a souligné la Pr Conrod.
À propos des deux études
L’article « Personality-specific pathways from bullying victimization to adolescent alcohol use: a multilevel longitudinal moderated mediation analysis » par Flavie M. Laroque, Elroy Boers, Mohammad H. Afzali et Patricia J. Conrod, a été publié le 7 février 2022 dans Development and Psychopathology. Le financement de l’étude a été assuré par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et la Fondation du CHU Sainte-Justine.
L’article « The 7-Year Effectiveness of School-Based Alcohol Use Prevention From Adolescence to Early Adulthood: A Randomized Controlled Trial of Universal, Selective, and Combined Interventions » par Nicola C.Newton, Lexine A. Stapinski, Patricia J.Conrod et leurs collègues a été publié le 21 novembre 2021 dans Academy of Child & Adolescent Psychiatry. Le financement de l’étude a été assuré par le National Health and Medical Research Council (NHMRC), le Centres of Research Excellence Grant et la bourse NHMRC Career Development Fellowship de Nicolas C. Newton.
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À propos du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine
Le Centre de recherche du CHU Sainte-Justine est un établissement phare en recherche mère-enfant affilié à l’Université de Montréal. Axé sur la découverte de moyens de prévention innovants, de traitements moins intrusifs et plus rapides et d’avenues prometteuses de médecine personnalisée, il réunit plus de 210 chercheurs, dont plus de 110 chercheurs cliniciens, ainsi que 450 étudiants de cycles supérieurs et postdoctorants. Le centre est partie intégrante du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, le plus grand centre mère-enfant au Canada.
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