MONTRÉAL, le 24 janvier 2022 – Une équipe de recherche dirigée par le professeur Christian Beauséjour, du CHU Sainte-Justine et de l’Université de Montréal, a mis au point une approche novatrice pour l’étude des cancers humains. Elle a pour particularité de simuler dans un modèle préclinique l’interaction entre les cellules cancéreuses et immunitaires afin d’obtenir un portrait plus précis de la réponse du patient au traitement.
Les résultats de ces travaux publiés dans le journal Cell Reports Methods nourrissent l’espoir de pouvoir faire avancer les avenues thérapeutiques en matière de cancer.
Des souris «humanisées»
Les souris dites humanisées jouent depuis plus de 20 ans un rôle majeur dans les avancées réalisées dans le domaine de l’oncologie. Ce modèle animal conçu en laboratoire, dans lequel on «injecte» des pathologies humaines dans une souris dépourvue de système immunitaire, permet de tester des médicaments destinés aux humains.
«L’inconvénient, c’est que cette approche ne permet pas de fournir un environnement où les tumeurs humaines sont confrontées à des cellules immunitaires autologues puisque la souris est immunodéficiente, explique Christian Beauséjour, chercheur au CHU Sainte-Justine et professeur titulaire au Département de pharmacologie et physiologie de l’Université de Montréal. Il est donc difficile d’obtenir des données précises sur l’efficacité des immunothérapies. Cela explique entre autres pourquoi très peu de médicaments franchissent les étapes finales d’approbation.»
Patient sain à la rescousse
«En utilisant des cellules souches dérivées d’un donneur sain, nous recréons des tumeurs humaines qui sont greffées dans des souris humanisées autologues – soit des souris ayant reçu des globules blancs du même donneur que la tumeur – pour simuler un microenvironnement immunitaire», explique Gaël Moquin-Beaudry, premier auteur de l’étude et diplômé du programme de doctorat au Département de pharmacologie et physiologie de l’Université de Montréal.
«La beauté de cette approche est l’accès presque illimité à du sang périphérique et aux cellules immunitaires qui le composent, ajoute Gaël Moquin-Beaudry. Il est également possible de générer une multitude de cancers. Par exemple, il suffit de différencier une cellule souche saine en cellules d’origine neurale et de la transformer en tumeur cérébrale.»
En collaboration avec les laboratoires des Drs Massimilliano Paganelli et Elie Haddad du CHU Sainte-Justine, l’équipe de recherche a démontré que les tumeurs fibroblastiques, hépatiques et neurales étaient toutes efficacement infiltrées et partiellement ou totalement rejetées par les cellules immunitaires autologues chez les souris humanisées. Validant ainsi le potentiel immense de cette approche novatrice.
L’avenir de la recherche
La reconnaissance de l’implication du système immunitaire dans le cancer a guidé l’industrie vers le développement d’immunothérapies nombreuses et prometteuses. Or, le taux de succès du transfert de la phase I vers l’approbation réglementaire et la clinique reste extrêmement faible.
«Si l’on augmente le taux de succès à l’étape préclinique, ceci se traduira par un bénéfice majeur pour les patients, mais également une réduction des coûts de production des médicaments», conclut Gaël Moquin-Beaudry.
À propos de l’étude
L’article «Autologous humanized mouse models of iPSC-derived tumors allow for the evaluation and modulation of cancer-immune cell interactions», écrit par Gaël Moquin-Beaudry et al., a été publié en janvier 2022 dans le journal Cell Reports Methods. L’étude a été financée par la Fondation Charles Bruneau, les Instituts de recherche en santé du Canada et le Fonds de recherche du Québec – Santé.
– 30 –
À propos du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine
Le Centre de recherche du CHU Sainte-Justine est un établissement phare en recherche mère-enfant affilié à l’Université de Montréal. Axé sur la découverte de moyens de prévention innovants, de traitements moins intrusifs et plus rapides et d’avenues prometteuses de médecine personnalisée, il réunit plus de 210 chercheurs, dont plus de 110 chercheurs cliniciens, ainsi que 450 étudiants de cycles supérieurs et postdoctorants. Le centre est partie intégrante du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, le plus grand centre mère-enfant au Canada.
recherche.chusj.org
@CR_CHUSJ