MONTRÉAL, le 18 octobre 2021 – Alors que la question des modalités d’enseignement aux enfants en contexte de COVID-19 est au cœur des préoccupations des familles comme des éducateurs et des décideurs, une équipe de recherche dirigée par la Dre Caroline Quach-Thanh au CHU Sainte-Justine s’est posé la question de l’utilisation optimale des tests rapides pour contenir les éclosions et de l’efficacité des tests rapides antigéniques de dépistage de la COVID-19 en milieu scolaire. Les résultats indiquent que le recours à des tests par réaction de polymérisation en chaîne, connus sous le nom de tests PCR, chez les individus symptomatiques demeure la technique la plus sensible, mais que les tests rapides ont un rôle à jouer lorsque les enfants présentent des symptômes.
Les tests rapides sont utilisés depuis des années pour diagnostiquer les agents pathogènes respiratoires tels que la grippe. Ils sont relativement peu coûteux et peuvent être employés de manière délocalisée, directement au point de service. Leurs caractéristiques de performance varient, mais ils ont généralement une spécificité élevée et une sensibilité clinique modérée par rapport aux tests PCR.
«La sensibilité clinique est la probabilité que le test détecte la présence de l’infection chez une personne malade. La spécificité est la probabilité qu’il confirme l’absence de la maladie chez une personne qui n’est pas malade. Ici, pour le SRAS-CoV-2, la spécificité des tests rapides était assez élevée, mais la sensibilité était plutôt faible, soit 28,6 % chez les individus asymptomatiques et 83,3 % chez les individus symptomatiques», explique la Dre Quach-Thanh, clinicienne-chercheuse au CHU Sainte-Justine et professeure au Département de microbiologie, infectiologie et immunologie de l’Université de Montréal.
En d’autres termes, les tests rapides antigéniques risquent de manquer quelques cas de COVID-19, comparativement aux tests PCR. Toutefois, ce risque est moindre chez les personnes qui ont des symptômes. Par ailleurs, on sait que les tests rapides antigéniques sont meilleurs lorsque la charge virale est haute, ce qui correspond aussi au moment où la contagion est plus grande. Ces tests ont donc un rôle à jouer, «alors que les enfants ont des symptômes causés par une foule d’autres virus», précise la chercheuse.
Les résultats de cette étude ont été obtenus grâce à la participation de plus de 2000 élèves du secondaire et de près de 300 membres du personnel scolaire recrutés dans deux écoles secondaires de Montréal et suivis entre les mois de janvier et juin 2021.
Vingt-cinq pour cent des participants asymptomatiques étaient testés chaque semaine à l’aide de tests rapides et de tests PCR, qui étaient auto-prélevés. Tous les participants symptomatiques étaient également testés par les deux méthodes étudiées.
Bien que le nombre d'éclosions n’ait pas été moindre dans les deux écoles participantes par rapport aux autres écoles secondaires de la région de Montréal, on y a relevé une plus grande proportion de cas asymptomatiques, ce qui laisse croire que des cas ont probablement été manqués dans les autres écoles de la région, servant de source à de potentielles éclosions. Par ailleurs, même si la crainte de transmission de la COVID-19 dans les écoles était toujours présente, l’étude a permis de voir que, parmi les cas dont la source était connue, 72,5 % résultaient d’une transmission familiale et 25 % d’une transmission au sein de l’école.
Selon la Dre Quach-Thanh, «les tests rapides n’ont que peu d’utilité en tant qu'outil de dépistage chez les individus asymptomatiques, compte tenu des ressources nécessaires pour les employer et de leur faible sensibilité dans ce contexte; ils devraient être réservés pour les personnes symptomatiques».
«Renforcer les politiques de triage [symptômes et histoire de contacts] et utiliser les tests rapides antigéniques pour les individus symptomatiques sont donc des gestes à privilégier en milieu scolaire afin d’éviter une propagation ultérieure de la maladie», conclut-elle.
Cette étude a été financée par le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec.
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À propos du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine
Le Centre de recherche du CHU Sainte-Justine est un établissement phare en recherche mère-enfant affilié à l’Université de Montréal. Axé sur la découverte de moyens de prévention innovants, de traitements moins intrusifs et plus rapides et d’avenues prometteuses de médecine personnalisée, il réunit plus de 210 chercheurs, dont plus de 110 chercheurs cliniciens, ainsi que 450 étudiants de cycles supérieurs et postdoctorants. Le centre est partie intégrante du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, le plus grand centre mère-enfant au Canada.
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