MONTRÉAL, le 19 juillet 2021 – C’est bien connu: selon des études, les jeunes de la diversité sexuelle – c’est-à-dire, les jeunes lesbiennes, gais et bisexuels (LGB) – consomment plus de cannabis et ont plus de défis liés à la santé mentale que leurs paires hétérosexuelles.
Mais qu’en est-il des changements de taux de consommation de cannabis: est-ce qu’ils précèdent ceux liés à la santé mentale ou est-ce bien l’inverse? Une nouvelle étude de l’Université de Montréal offre quelques réponses.
Dans la revue scientifique Journal of Abnormal Psychology, Kira London-Nadeau, étudiante au doctorat et boursière Vanier des IRSC au Département de psychologie de l’UdeM et au Centre de Recherche du CHU Sainte-Justine, en fait le point.
Dans son étude, menée sous la direction de la professeure Natalie Castellanos-Ryan et avec l’appui des professeurs Jean Séguin et Sophie Parent. Kira London-Nadeau a analysé des données recueillies auprès de 1 548 adolescents et adolescentes – dont 128 LGB – dans le cadre de l’Étude longitudinale du développement des enfants du Québec soutenue par les IRSC et l’Institut de la Statistique du Québec.
Un suivi sur cinq ans
Les participants ont été suivis depuis l’âge de cinq mois et l’étude reposait sur leurs réponses à des questionnaires récoltés à 13, 15 et 17 ans. Bien qu’il y avait un lien entre les symptômes de dépression à 15 ans et l’augmentation de la consommation de cannabis à 17 ans dans l’échantillon général, l’association était cinq fois plus forte chez les jeunes LGB.
Selon Kira London-Nadeau, cette relation pourrait signaler une pratique d’automédication par le cannabis pour faire face aux symptômes de dépression chez les jeunes LGB. L’utilisation de cannabis à ces fins pourrait également indiquer que d’autres sources de soutien pour les symptômes de dépression sont manquantes ou inadaptées aux réalités des jeunes LGB.
Fait inattendu, l’étude a également fait ressortir que les symptômes d’anxiété chez les LGB à 15 ans prédisaient une réduction de la consommation de cannabis à 17 ans. Ce résultat semble donc aller à l’encontre de celui entre la dépression et la consommation de cannabis dans le groupe LGB.
«Des réalités différentes»
«La différence entre la relation dépression-cannabis et la relation anxiété-cannabis pourrait indiquer des réalités différentes que les jeunes LGB vivraient, notamment à l’égard de leur affichage public de leur orientation sexuelle minoritaire», soutient Kira London-Nadeau.
Ainsi, la chercheure estime que les facteurs sociaux reliés à l’expérience d’une orientation sexuelle minoritaire joueraient un rôle important à la fois dans la consommation de cannabis et dans les défis liés à la santé mentale, ainsi qu’à leur relation chez les adolescentes et les adolescents.
À cet égard, Kira London-Nadeau souligne le besoin que les services offerts aux jeunes, particulièrement en matière de santé mentale, soient mieux outillés afin de comprendre les enjeux propres aux communautés de la diversité sexuelle.
Comprendre son identité
«À l’adolescence, on est constamment en train d’essayer de comprendre son identité en tant que personne, ce qui en soit est assez difficile. Lorsqu’on ajoute la découverte d’une orientation sexuelle minoritaire à ce développement identitaire, les choses deviennent encore plus compliquées », indique la jeune chercheuse, s’identifiant elle-même comme femme lesbienne.
«À présent il s’agit d’approfondir le pourquoi de ces associations et de s’assurer d’inclure d’autres communautés qui pourraient vivre des expériences similaires, dont les adolescent.es trans et non-binaires, ainsi que les jeunes adultes de la diversité sexuelle et de genre, poursuit-elle. Ces résultats seront cruciaux pour ces communautés, car ils nous permettront de mieux cibler les besoins afin de finalement parvenir à un niveau plus équitable de parité à l’égard de leur santé».
À propos de cette étude
L’article «Longitudinal associations of cannabis, depression and anxiety in heterosexual and LGB adolescents», écrit par Kira London-Nadeau, Charlie Rioux et al, est paru le 28 juin 2021 dans Journal of Abnormal Psychology. Cette étude a été financée par le Fonds de recherche du Québec – Santé, les Instituts de recherche en santé du Canada, et le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances.
Ainsi, la chercheure estime que les facteurs sociaux reliés à l’expérience d’une orientation sexuelle minoritaire joueraient un rôle important à la fois dans la consommation de cannabis et dans les défis liés à la santé mentale, ainsi qu’à leur relation chez les adolescentes et les adolescents.
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À propos du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine
Le Centre de recherche du CHU Sainte-Justine est un établissement phare en recherche mère-enfant affilié à l’Université de Montréal. Axé sur la découverte de moyens de prévention innovants, de traitements moins intrusifs et plus rapides et d’avenues prometteuses de médecine personnalisée, il réunit plus de 210 chercheurs, dont plus de 110 chercheurs cliniciens, ainsi que 450 étudiants de cycles supérieurs et postdoctorants. Le centre est partie intégrante du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, le plus grand centre mère-enfant au Canada et le deuxième centre pédiatrique en importance en Amérique du Nord.