OTTAWA, 27 septembre 2021 – Une nouvelle étude du Programme canadien de surveillance pédiatrique (PCSP) publiée dans le Canadian Medical Association Journal (CMAJ) montre que les enfants – en particulier ceux d'âge préscolaire et scolaire – étaient à faible risque de contracter la COVID-19 sévère durant la première partie de la pandémie. Il s’agit de la plus vaste étude sur les enfants et les jeunes hospitalisés, infectés par le SRAS-CoV-2 au Canada.
Le SRAS-CoV-2 est le virus qui peut évoluer vers la maladie à coronavirus (COVID 19). Les personnes peuvent être déclarées positives pour le SRAS-CoV-2, sans nécessairement développer la COVID-19 (asymptomatique).
L'étude menée entre avril et décembre 2020 visait à décrire les caractéristiques des enfants et des jeunes hospitalisés pour une infection par le SRAS-CoV-2, ainsi qu'à identifier les facteurs de risque de la COVID-19 sévère chez les enfants et les jeunes hospitalisés. Cette étude a été menée avant l’arrivée du variant Delta au Canada.
Alors que près de 34 000* Canadiens (de tous âges) atteints du SRAS-CoV-2 ont été admis à l'hôpital au cours de la même période, seuls 264 enfants et jeunes ont été signalés au PCSP. La majorité de ces cas se trouvaient en Ontario et au Québec, les provinces les plus peuplées du Canada. Un peu plus de la moitié (56,8 %) des enfants et des jeunes ont été admis spécifiquement pour la COVID-19. Les autres cas étaient à l’hôpital pour des raisons distinctes de la COVID-19, par exemple, pour une fracture, et se sont révélés atteints du SRAS-CoV-2 lors d'un dépistage de routine (appelées « infections accidentelles »).
« Au début de l’étude en mars 2020, nous ne savions pas à quoi nous attendre », explique le Dr Shaun Morris, co-auteur principal et l'un des principaux chercheurs, médecin de la Division des maladies infectieuses et scientifique du Programme des sciences de l'évaluation de la santé des enfants au Hospital for Sick Children (SickKids) à Toronto.
Le Dr Morris affirme qu'il craignait que les jeunes enfants « fassent partie des groupes à risque élevé », suivis par d'autres infections respiratoires. Au contraire, le risque de maladie grave et de décès était faible. « C'était inattendu. Nous avons vu un pic de mortalité important chez les personnes âgées, mais pas chez les très jeunes. »
Le Dr Olivier Drouin, premier auteur de l'étude et clinicien-chercheur au Service de pédiatrie du CHU Sainte-Justine, a qualifié les résultats de « rassurants ». Il a déclaré que l’équipe ne s'attendait pas à ce que le nombre d'enfants et de jeunes atteints de la forme grave de la maladie et nécessitant une hospitalisation ou une admission à l’unité des soins intensifs soit « si faible ».
« L'étude est unique dans la mesure où des informations détaillées sur chaque cas ont été recueillies », explique la Dre Fatima Kakkar, co-auteure principale au sein de la Division des maladies infectieuses du CHU Sainte-Justine. Grâce à ces informations détaillées, l’équipe de recherche a pu identifier un certain nombre de facteurs de risque de la maladie plus grave chez les enfants et les jeunes hospitalisés avec la COVID-19.
Dans l'ensemble, 39,3 % des enfants et des jeunes hospitalisés présentaient au moins une comorbidité. Les enfants et les jeunes atteints d'une maladie grave étaient plus susceptibles d'avoir un problème de santé sous-jacent comme l'obésité ou des problèmes neurologiques et respiratoires autres que l'asthme.
« Dans l'ensemble, nos résultats peuvent informer les parents et les décideurs politiques sur le fait que la forme grave de la maladie chez les enfants et les jeunes était rare au cours de la période d'étude », explique le Dr Morris.
Le PCSP est un partenariat de longue date entre la Société canadienne de pédiatrie (SCP) et l'Agence de la santé publique du Canada (ASPC). Le PCSP regroupe 2800 pédiatres et sous-spécialistes en pédiatrie, représentant la grande majorité des fournisseurs de soins pédiatriques du pays.
« Investir dans une infrastructure de santé publique stable permet la collecte rapide de données détaillées en temps réel pour aider à éclairer les prises de décision cliniques et les politiques en santé publique, déclare la Dre Charlotte Moore Hepburn, l'une des principales chercheuses de l'étude et directrice des affaires médicales de la SCP. Le Canada a la chance de profiter d’une infrastructure en place, car elle permet la collecte efficace de données critiques en temps de pandémie et en temps non pandémique. »
L’équipe de recherche continue de surveiller les hospitalisations associées au SRAS-CoV-2 chez les enfants et les jeunes, et suivra de près l'impact du variant Delta sur la population pédiatrique.
Messages clés :
- Cette publication représente la plus grande étude pancanadienne sur les enfants et les jeunes hospitalisés pour une infection au SRAS-CoV-2 depuis le début de la pandémie jusqu'en décembre 2020.
- Les enfants courent un faible risque de contracter la forme grave de la COVID-19.
- Les cas les moins signalés concernaient les enfants d'âge préscolaire (1 à 5 ans) et d'âge scolaire (6 à 12 ans)
- Près de la moitié de tous les enfants et jeunes admis à l'hôpital avec le SRAS-Co-V-2 ont été admis pour des raisons non liées à la COVID-19 (p. ex. : fracture, intervention chirurgicale).
- Les facteurs de risque de maladie grave chez les personnes hospitalisées pour la COVID-19 comprenaient l'obésité, et les troubles neurologiques et respiratoires autres que l'asthme.
- L'infrastructure de surveillance de la santé publique (y compris le PCSP) a permis la collecte rapide et en temps réel de données cliniques et de santé publique essentielles
- Une surveillance continue est nécessaire pour comprendre l'impact du variant Delta sur les enfants et les jeunes Canadiens.
* Données de l’Agence de la santé publique du Canada et Statistique Canada
– 30 –