MONTRÉAL, le 3 mai 2022 – La pandémie de COVID-19 a eu des répercussions sur la santé mentale des femmes durant la grossesse et post-partum, confirme un volet de l’étude CONCEPTION menée par Anick Bérard, chercheuse au CHU Sainte-Justine et professeure titulaire à la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal.
Et son impact est encore plus grand que celui d’autres crises historiques, telles la crise du verglas de 1998 ou la crise du virus Zika, montre les résultats de l’étude, publiés récemment dans le International Journal of Environmental Research and Public Health.
L’étude se penche sur les trois premières vagues de la pandémie. D’après les données recueillies, 23% des femmes enceintes ou post-partum souffraient de symptômes dépressifs majeurs, et, chez près de 40% d’entre elles, ces symptômes étaient de modérés à sévères, associés notamment à l’anxiété et au stress. « Alors qu’une grande attention est accordée à la santé physique des femmes enceintes, ces résultats prouvent qu’il faut aussi considérer leur santé mentale et mettre en place des programmes de soutien psychologique adaptés pendant la grossesse et après l’accouchement », soutient la professeure Anick Bérard.
L’étude CONCEPTION a également démontré que les femmes ayant accouché durant la pandémie présentaient des symptômes de dépression plus graves que les futures mères. La prévalence des symptômes chez les femmes enceintes augmentait à l’approche de l’accouchement.
« La dépression, l’anxiété et le stress chez les femmes enceintes sont associés à des risques de naissance prématurée et de problèmes cognitifs durant l’enfance. Pour bien mesurer la portée de ces symptômes dépressifs et instaurer des stratégies en vue de la réduire, il nous apparaît désormais nécessaire d’assurer un suivi longitudinal des enfants nés au cours de cette période », précise la chercheuse.
D’après l’étude, la deuxième vague de la pandémie, entre décembre 2020 et avril 2021, a été la plus lourde de conséquences sur la santé mentale des femmes enceintes parmi les trois vagues analysées.
Méthodologie
Plus de 3000 Canadiennes ont été recrutées sur les médias sociaux et dans certaines cliniques obstétricales entre juin 2020 et août 2021, soit 2574 femmes enceintes et 626 femmes ayant accouché. Réalisée à l’aide de l’échelle de dépression postnatale d’Édimbourg et de l’échelle de troubles anxieux GAD-7 (Generalized Anxiety Disorder-7), l’analyse de facteurs sociodémographiques et des mesures de santé mentale comparait les résultats selon le stade de la grossesse, le trimestre gestationnel et la période pandémique (vague de cas).
Les participantes enceintes ont rempli un questionnaire en ligne à deux moments; lors du recrutement durant la grossesse et deux mois après l’accouchement; les femmes ayant déjà accouchées n’ont rempli le questionnaire qu’une seule fois.
Les participantes de l’étude CONCEPTION et leurs enfants font l’objet d’un suivi 18 mois après la naissance et certains enfants sont évalués en personne à 24 mois. Étant donné que la pandémie de COVID-19 perdure, l’étude CONCEPTION recrute toujours.
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À propos de l’étude
L’article «The COVID-19 Pandemic Impacted Maternal Mental Health Differently Depending on Pregnancy Status and Trimester of Gestation » par Bérard A, Gorgui J, Tchuente V, Lacasse A, Gomez YH, Côté S, King S, Muanda F, Mufike Y, Boucoiran I, Nuyt AM, Quach C, Ferreira E, Kaul P, Winquist B, O'Donnell KJ, Eltonsy S, Chateau D, Zhao JP, Hanley G, Oberlander T, Kassai B, Mainbourg S, Bernatsky S, Vinet É, Brodeur-Doucet A, Demers J, Richebé P, Zaphiratos V, a été publié le 2 mars 2022 dans International Journal of environmental Research and Public Health. Le financement de l’étude a été assuré par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal.
À PROPOS DU CENTRE DE RECHERCHE DU CHU SAINTE-JUSTINE
Le Centre de recherche du CHU Sainte-Justine est un établissement phare en recherche mère-enfant affilié à l’Université de Montréal. Axé sur la découverte de moyens de prévention innovants, de traitements moins intrusifs et plus rapides et d’avenues prometteuses de médecine personnalisée, il réunit plus de 210 chercheurs, dont plus de 110 chercheurs cliniciens, ainsi que 450 étudiants de cycles supérieurs et postdoctorants. Le centre est partie intégrante du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, le plus grand centre mère-enfant au Canada.
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