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mercredi 7 juin 2023
Développement de la flexibilité cognitive : le cerveau des jeunes particulièrement vulnérable
MONTRÉAL, le 7 juin 2023 – La flexibilité cognitive est essentielle, puisqu’elle permet d’adapter son comportement en fonction de son environnement. Elle permet de développer des stratégies appropriées afin de faire face aux défis du quotidien. La rigidité cognitive, à l’inverse, rend l’adaptation difficile. Elle est caractéristique de certains troubles de santé mentale comme la schizophrénie, ainsi que de conditions comme les troubles du spectre de l’autisme et la déficience intellectuelle.
Le secret de la flexibilité cognitive réside dans le cerveau, et en particulier dans les cellules exprimant la protéine parvalbumine du cortex pré-frontal. En effet, dans une nouvelle étude réalisée sur des souris, Graziella Di Cristo a démontré que le développement de la flexibilité cognitive chez les adolescentes et adolescents dépend notamment de l’expression d’un récepteur à neurotrophine nommé P75 dans ces cellules. Les souris adolescentes chez qui l’expression du récepteur P75 dans les cellules à parvalbumine du cortex pré-frontal était déréglée avaient plus de difficulté à changer de stratégie pour aller chercher de la nourriture. Elles avaient aussi du mal à passer par-dessus une réaction de peur, en dépit du changement de contexte, ce qui témoigne d’une certaine rigidité cognitive.
Le cerveau adolescent : des mécanismes particuliers à l’œuvre
Bidisha Chattopadhyaya, associée de recherche sur cette étude, explique que les processus liés à la flexibilité cognitive chez les adultes, qui ont fait l’objet d’une précédente publication, ne sont pas applicables dans le cerveau adolescent. « On pense souvent que le cerveau des adolescents est simplement un cerveau adulte en plus jeune, mais c’est faux! Des mécanismes complètement différents sont à l’œuvre. » Avec Pegah Chehrazi, autrice principale, elles ont donc exploré la flexibilité cognitive dans le cerveau adolescent, avec une attention particulière à un type de cellules et un mécanisme moléculaire spécifiques.
Les résultats, qui ont été publiés dans la revue Biological Psychiatry, soulignent la vulnérabilité du cerveau des jeunes aux facteurs qui pourraient affecter la neurotrophine et créer un déséquilibre dans l’expression de P75. « De nombreux éléments peuvent avoir un impact sur la neurotrophine, puisque le fonctionnement du cerveau est multifactoriel et complexe, précise Graziella Di Cristo. Mais il est certain que des facteurs comme le stress ou la consommation de drogues, par exemple, ont un impact sur la neurotrophine dans le cerveau adolescent. » L’étude démontre qu’une perturbation de la signalisation dans la cellule médiée par la neurotrophine pourrait entraîner des déficits cognitifs chez les jeunes, qui persistent à l’âge adulte.
Voir également : Imiter la plasticité du cerveau des enfants pour contrôler le stress post-traumatique
De gauche à droite : Graziella Di Cristo, Bidisha Chattopadhyaya, Pegah Chehrazi. © Courtoisie
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